de Arleston/Alwett/Augustin
Editions Soleil
Sortie le 25 mai 2011
Bande-dessinée / 13,50 €
Présentation de l'éditeur :
Tout le monde avait décidé que Dyssëry épouserait Phorée. Tout le monde, sauf Dyssëry. Pour échapper à sa nuit de noces, la belle opte donc pour l’ultime solution : se donner la mort ! La voilà passée dans le Val des Ombres, où les âmes des morts ont leur propres combats, mais sont aussi beaucoup plus libres que chez les vivants. Certes, Dyssëry devra affronter de sinistres dangers et des créatures infernales, mais elle pourra aussi devenir l’actrice qu’elle a toujours rêvé d’être !
Evidemment, tout cela c’était sans compter sur son opiniâtre, pour ne pas dire borné d’époux, qui entreprend d’aller la chercher au bout du monde et même au-delà. Car, que les choses soient claires, vivante ou morte, Dyssëry lui appartiendra !
Avis d'Asmodée
Pays de Darshan. Dyssëry n'aime pas Phorée, le plus riche artisan en soieries du village. Elle ne se résout à épouser ce dernier que sous la pression familiale. Son intérêt pour le théâtre et son audace d'avoir été une fois actrice font d'elle une débauchée aux yeux de son entourage. Dans une société inspirée par le modèle féodal Japonais, où le mari revendique une totale emprise sur son épouse, Phorée se voit encouragé à remettre Dyssëry "sur le droit chemin" afin de la rendre docile. Et qu'importent les moyens employés. Mais la jeune femme n'entend pas se laisser dominer par son époux et préfère mourir plutôt que subir une vie d'asservissement.
L'âme défunte de Dyssëry rejoint ainsi l'au-delà. Arrivée dans le Val des Ombres, toute une population macabre et fantastique va se révéler à elle : fantômes, vampires, momies, zombies… Résolue à vivre sa mort pleinement, Dyssëry va faire la connaissance de Zebl, un petit incube adorable mais obsédé. Ensemble, le duo part pour Tärtar, la ville capitale des Enfers, afin que Dyssëry puisse réaliser son rêve d'actrice. Mais son mari est bien décidé à la ramener par la force à la vie, dut-il pour cela poursuivre sa jeune femme jusqu'en Enfers.
La trame de Voyages aux Ombres se situe dans le monde de Troy. Cependant, inutile d'être familiarisé avec celui-ci pour profiter pleinement de sa lecture. En effet, l'histoire, scénarisée par Arleston et Alwett, avec Virginie Augustin aux dessins, se parcourt de façon parfaitement autonome. L'univers de cette bande-dessinée se veut très dense. Nous est présenté dans un premier temps le pays des Darshanides, où les codes du Shogunat se mêlent au folklore asiatique avec ses dragons et ses croyances. La particularité du pays de Darshan tient à rendre réel les dieux et religions en lesquels sa population voue un culte. L'héroïne fera ainsi l'expérience de la vie après la mort. Dans un premier temps, elle devra parvenir indemne jusqu'au Val des Ombres. Arrivée sur place, elle y expérimentera alors de curieuses rencontres. Les périls ne seront pas en reste, notamment avec le baron Fpyke, vampire de son état, sans parler des redoutables dévoreurs d'âmes.
Malgré les thèmes graves abordés en toile de fond, la condition de la femme et sa liberté à vivre l'existence souhaitée, Voyages aux Ombres n'en reste pas moins saupoudré d'humour. Celui-ci est d'ailleurs tout en nuances, tantôt subtils, d'autres fois plus directs. L'Incube Zebl, attentionné bien que pervers, contribue à cette touche de légèreté, tout comme le machisme outrancier de Phorée qui en devient risible. Outre son univers à l'imaginaire fertile, l'album est servi par des dessins fluides et lyriques. Parallèlement au côté aventure, cette esthétique soignée véhicule une omniprésente poésie. Une impression accentuée par de savoureux dialogues jouant sur les gammes du théâtral, mais flirtant aussi sur une sensibilité plus intime.
Une galerie de personnages divertissants, parmi lesquels se distingue une héroïne attachante, un périple en Enfers qui prend une tournure imprévisible, le tout porté par un graphisme tout en finesse… Voyages aux Ombres saura séduire les amateurs de BD et les accros d'imaginaires en général.
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