Le manuscrit de Grenade
de Marianne Leconte
Editions Pygmalion
Sortie le 12 février 2011
Grand format / 20,90 €
Présentation de l'éditeur :
1491, Andalousie. Sous le règne implacable des rois catholiques d'Espagne, une femme accusée de sorcellerie est condamnée au bûcher. Elle laisse à sa fille, Myrin, une prophétie énigmatique et une pierre de lune aux étranges pouvoirs. Traquée par le Grand Inquisiteur Jimenez, Myrin, accompagnée de Pedro et Isabelle, se lance sur les routes d'une Espagne ensanglantée par la Reconquista.
Avis d'Asmodée
Le manuscrit de Grenade est un roman qui dépayse. En recourant à l'uchronie, son auteure immisce des notions surnaturelles et des pouvoirs magiques dans un monde calqué sur le notre, donc censé être rationnel. L'histoire prend pour toile de fond l'Andalousie et l'Espagne en une période où les rois Catholiques tentent de reprendre la ville de Grenade, enclave appartenant toujours au royaume musulman. On perçoit clairement que Marianne Leconte a fourni un important travail de documentation pour immerger le lecteur au sein de son récit, pour l'inviter à un voyage.
Un voyage, ou plutôt un périple qui voit des personnages marginaux tentaient de rejoindre saufs la cité de Grenade, dernier bastion qui peut leur apporter protection. Leur quête est motivée par une antique prophétie et l'appât d'un mystérieux trésor qui se trouverait encore dissimulé dans la ville gouvernée par les sultans Maures. Les héroïnes telles que la guérisseuse juive Myrin ou Yasmin, la jeune princesse mauresque en fuite, possèdent des pouvoirs. Elles sont des Douées, des élues pourvues de capacités extraordinaires dont elles usent pour se sortir de mauvais pas. On retrouve également Isabeau, une jeune héritière androgyne qui refuse de se laisser enfermer dans un couvent. Sans oublier Pedro, un maure converti depuis son plus jeune âge au catholicisme qui officie en tant que maître d'arme. À ce groupe de personnages cosmopolites, viendront se joindre par la suite Manuel, un espion à la solde de la reine Catherine de Castille qui fait le siège de Grenade.
En cours d'aventure, des liens sentimentaux naissent entre les différents protagonistes. Pedro se sent irrémédiablement attiré par Myrin malgré leur différence d'âge et de culture, tandis que Manuel est troublé par la proximité d'Isabeau, déguisée alors en jeune garçon. Cependant, il faut bien reconnaître que si les portraits des personnages sont bien brossés, ces derniers ne réservent pas beaucoup de surprises. Beaucoup d'évènements surviennent en cours de roman, les rebondissements ne manquent pas. Pourtant, il se dégage de l'ensemble une certaine platitude. Comme si l'aventure du groupe de fugitifs recherché par la Sainte Inquisition ne parvenait jamais vraiment à prendre son envol.
Le manuscrit de Grenade est une œuvre bien écrite, qui a fait l'objet d'un réel travail d'investigation. Le contexte historique se trouve ainsi enrichi d'un foisonnement de détails. Les thèmes du choc des cultures et du fanatisme religieux y sont abordés avec beaucoup de finesse. Cependant, je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages, ni au motif de leur quête. Peut-être parce qu'il manque un je-ne-sais-quoi d'épique à la romance et aux enjeux présents dans le roman. Mais ceux qui s'intéressent à la période de la Reconquista, saupoudrée de magie, y trouveront une lecture susceptible d'éveiller leur intérêt.
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