Si vous ne voulez rien savoir de ce qui attend
Bridget dans ce nouveau tome, passez votre chemin ! Cet article reprend
toutes les informations divulguées pour le moment. En théorie elles
seront dévoilées dès le début du roman, mais dans le doute, vous voilà
prévenu.
Bridget Jones, de célibattante à cougar
Ou comment Helen Fielding a flingué mes derniers vestiges d’une croyance en un possible happily ever after
« Je l’ai regardé, si sérieux, si solennel et si gentil, et me suis dit que, où qu’il aille, je ne voulais pas être séparée de lui. » |
Après 14 années d’attente, Bridget Jones fait enfin son retour
dans nos librairies. Il était jusqu’à présent difficile de savoir à quoi
s’attendre, d’autant plus qu’à quelques jours de la sortie officielle
du roman, aucune présentation ou 4ème de couverture n’était encore
proposée. Le mystère a été levé dimanche dans un article du Sunday Times intitulé : « Tissues ready: Bridget’s darling Darcy is dead
». La nouvelle fait rapidement le tour du web et des réseaux sociaux :
Mark Darcy n’est plus ! On s’est donc réveillé lundi matin dans un monde
où Bridget et Mark n’ont finalement pas fini ensemble, et on est
nombreuses à avoir pris la nouvelle un peu comme ça :
Ou encore comme ça :
« La vie est de la merde, la vie est une histoire racontée par un cynique... » |
Le journal de Bridget Jones est sorti en
1996, avec le succès qu'on lui connaît. L’héroïne possédait un capital
sympathie incontestable et la plume et l’humour d’Helen Fielding étaient
particulièrement fédérateurs. Ce premier tome a pris des chemins
détournés (et hilarants) pour amener Bridget Jones et Mark Darcy à
sortir ensemble. La fin reposait sur un chouette happy end et on aurait
pu en rester là.
Mais après plusieurs millions d’exemplaires vendus dans 40 pays, c’était tentant de proposer une suite. Qu’à cela ne tienne, Helen Fielding retrousse ses manches et Bridget Jones, L’âge de raison arrive en librairies dès 1999. L’auteur ne se casse pas trop la tête, après nous avoir montré une Bridget enfin heureuse et casée dans la première partie du roman, elle sépare les amoureux et nous ressort de nouvelles histoires d’une héroïne fraîchement célibataire et aspirante célibattante. À croire que Bridget n'a d'intérêt que dans sa quête de trouver l'âme sœur. Ce second opus avait déjà moins plu aux fans, mais là encore, ce fut un énorme succès en termes de ventes (rien qu’en France, il s’est vendu à près de 700.000 exemplaires, soit autant que le 1).
Mais après plusieurs millions d’exemplaires vendus dans 40 pays, c’était tentant de proposer une suite. Qu’à cela ne tienne, Helen Fielding retrousse ses manches et Bridget Jones, L’âge de raison arrive en librairies dès 1999. L’auteur ne se casse pas trop la tête, après nous avoir montré une Bridget enfin heureuse et casée dans la première partie du roman, elle sépare les amoureux et nous ressort de nouvelles histoires d’une héroïne fraîchement célibataire et aspirante célibattante. À croire que Bridget n'a d'intérêt que dans sa quête de trouver l'âme sœur. Ce second opus avait déjà moins plu aux fans, mais là encore, ce fut un énorme succès en termes de ventes (rien qu’en France, il s’est vendu à près de 700.000 exemplaires, soit autant que le 1).
S’ensuivent deux adaptations au cinéma avec des acteurs convaincants et un
joli score au box-office. Aux dernières nouvelles un troisième film
était envisagé et les acteurs principaux, dont Colin Firth dans le rôle
de Mark Darcy, étaient enchantés de rempiler.
Un troisième tome était régulièrement réclamé par les fans (du moins ceux que le tome 2 n'avait pas déçus) et nous étions nombreux à attendre qu’il sorte enfin. En toute logique, on devrait être contents là, n'est-ce pas ?
Un troisième tome était régulièrement réclamé par les fans (du moins ceux que le tome 2 n'avait pas déçus) et nous étions nombreux à attendre qu’il sorte enfin. En toute logique, on devrait être contents là, n'est-ce pas ?
Même le cerf semble se demander WTF...
Il faut se méfier de ce qu'on demande, parfois on l'obtient...
Helen
Fielding semble, une fois de plus, avoir choisi la facilité, en
renvoyant Bridget Jones dans la case célibat, pour la troisième fois
donc (sûrement une malédiction, il est peut-être temps de consulter un
marabout connu internationalement dans ton quartier, Bridget).
Une
journaliste argumentait dans son article le fait que seule la mort de
Mark Darcy pouvait permettre un nouvel opus, expliquant qu’un divorce ou
une séparation n’aurait pas plu aux fans non plus. Mais le problème se
situe-t-il réellement là ? La question n’est-elle pas plutôt de se
demander pourquoi l’auteur ne peut pas envisager de raconter son
histoire autrement qu’à travers le prisme du célibat ?
Bridget
Jones ne trouve-t-elle son intérêt que dans la solitude ? N’y a-t-il
rien d’autre que sa quête d’amour à raconter sur cette femme ? En gros,
Bridget ne peut-elle nous plaire autrement qu’en paria de l’amour
malheureuse ? Pourtant, Helen Fielding aurait pu raconter de nombreuses
histoires et anecdotes sur une Bridget passée du côté obscur des Mariés-fiers-de-l’être.
Il y avait du choix, entre l’organisation d’un mariage, les grossesses,
l’éducation des enfants ou simplement la vie de couple, il y avait lieu
à mettre Bridget dans nombre de situations amusantes et dans lesquelles
on aurait encore pu s’identifier.
« 7:15. Hourra ! Finies les années de solitude. Depuis quatre semaines et
cinq jours, entretiens relation fonctionnelle avec adulte mâle, prouvant
par conséquent que je ne suis pas paria de l'amour comme craint
précédemment. [...] 8:50. Humm. Me demande quelle sorte de père ferait Mark Darcy. (Père de ses enfants, je veux dire. Pas de moi. Ça serait un truc malsain genre Œdipe.) » |
Mais finalement, l’auteur préfère tuer Mark Darcy pour recommencer ce
qu'elle a déjà fait par deux fois : nous présenter les aventures de
cette pauvre dinde de Bridget, condamnée donc à être célibataire ad vitam eternam.
C’est principalement cet aspect-là qui m’agace, même si la suite des
spoilers m’a fait pousser de longues exclamations consternées.
Colin fait du boudin lui aussi
La Bridget nouvelle est arrivée… ou pas
On aurait finalement pu se résigner au décès de Mark Darcy, après tout, la mort fait partie de la vie, happy end ou pas. Mais l’auteur enfonce le bouchon en nous présentant une Bridget qui semble tout droit sortie de Confessions Intimes
et émissions du même acabit. Le titre de l’épisode est tout trouvé : «
Bridget, 51 ans, Londres : veuve et cougar » (avec la voix off qui
demande d’un ton grave et pas du tout putassier : « Son entourage
parviendra-t-il à accepter son nouveau toy boy ? »).
Car
Bridget fait donc son retour sur le marché des célibataires, et en bon
cliché de l’année, elle ne peut évidemment que sortir avec des hommes
très jeunes (21 ans de moins qu'elle, Roxster de son petit prénom). Mais
admettons, après tout c’est moderne et ça peut être drôle de voir
Bridget Jones jouer les Demi Moore, surtout avec deux enfants dans les
pattes (Billy et Mabel soit dit en passant, mais j'en ai déjà assez gros
sur le reste pour épiloguer sur le cas du petit Billy). Là encore, on
peut se demander si la descendance de Bridget et Mark ne méritait pas
mieux que de voir leur père mourir si jeune et leur mère se taper des
hommes objets ramassés sur les réseaux sociaux, mais passons.
« Ridicule, non ? S'appeler Mr. Darcy et se tenir à l'écart, l'air arrogant. Comme si on s'appelait Heathcliff et qu'on passait sa soirée entière dans le jardin, à crier "Cathy !" en se tapant la tête contre un arbre. » |
Côté nouveautés, c’est à peu près tout : un mari mort, des enfants, un toy boy.
Pour le reste, rien de neuf à l’horizon : Bridget fume trop, boit trop,
veut perdre du poids, compte ses rides et au lieu d’interroger 50 fois
par jour son répondeur, elle actualise son Twitter à la recherche
désespérée de nouveaux followers (il y a des gens qui font ça ?
Sérieusement ?). À ce stade des choses, on peut même s’attendre à ce que
Daniel Cleaver soit encore dans le coin, prêt à sauter sur sa Bridget
chérie à la première ouverture. Quitte à faire du réchauffé, autant
vider tout le congélo.
Bridget ne semble pas avoir évolué beaucoup
depuis qu’on l’a quittée. Peut-être que c’est pour le mieux, que les
lecteurs la retrouveront ainsi plus facilement. Mais mince quand même,
on était en droit d’attendre un peu plus !
Que reste-t-il de nos amours ?
On est d'accord,
il s’agit de romans, des œuvres de fiction qui ne devraient pas avoir
tant d’importance. Bien sûr qu’il y a plus grave que le décès d’un homme
fictif, on le sait. Et pourtant ça gonfle, et pas qu’un peu.
Il
était facile de s’identifier à Bridget Jones, on retrouvait forcément un
peu de nous en elle, dans ses complexes, ses galères, ses réactions,
dans sa quête désespérée pour trouver le grand amour. Elle avait une
fraîcheur et une candeur qui tranchaient avec les héroïnes habituelles,
toutes des canons qui s’ignorent et qui séduisent malgré elles les plus
beaux spécimens du monde. Bridget, elle ramait souvent, et quand elle
arrivait à séduire, tout n’était pas gagné pour autant, loin de là. De
l’enfoiré affectif qui la trompe à celui qui lui tâte le gras en lui
disant qu’il aime son ventre « moelleux », Bridget en a vu des vertes et
des pas mûres. Comme nous toutes.
Mais au bout du compte, et
c’était là toute la beauté de l’histoire d’amour, Bridget, ses
complexes, ses boulettes et son brin de folie avaient fini par se faire
apprécier du sexy Mark Darcy.
« Just as you are » *_*
Et ça, ça avait fait mouche pour beaucoup. Parce que l’héroïne sosie de
Megan Fox qui a une vie plutôt cool et qui emballe un milliardaire en
trois œillades énamourées, c’est bien mignon, ça fait rêver (ou pas),
mais ça n’a rien de très positif comme message. Mais Bridget, une femme
(presque) crédible et normale, qui est aimée et acceptée entièrement par
son prince charmant sans avoir besoin de tout changer en elle, ça, ça
fait du bien au moral.
Mark Darcy est un personnage difficile à
oublier, un prince charmant qui sonne vrai, un type formidable qu’on
pourrait peut-être croiser nous aussi au détour d’une dinde au curry. De
quoi nous réconcilier un peu avec les contes de fées et les happy ends. Et ça aussi, ça faisait vraiment du bien au moral après lecture.
Et
c’est un peu sur tout ça qu’Helen Fielding vient d’essuyer ses bottes
pleines de boue. Puisqu’il fallait un troisième tome et qu’elle n’avait
rien à dire d’une Bridget casée, elle n’a pas hésité à tout balayer
comme si ce n’était rien. On attendait tous un nouvel opus, mais est-ce
qu’on avait envie de ça ?
Boycott or not boycott ?
Des fans appellent au
boycott sur les réseaux sociaux. Pas sûre que cela soit utile,
finalement Helen Fielding fait ce qu'elle veut de ses personnages et que
qui l'aime la suive. Les autres passeront leur chemin et tant pis.
Est-ce
que ce troisième tome sera forcément mauvais ? Non, bien sûr que non.
La plume de l'auteur sera certainement une fois encore drôle et légère.
Et cette suite trouvera sans aucun doute son public, portée par un buzz
qui a su éveiller la curiosité de beaucoup.
Est-ce que j’ai envie de
le lire ? Absolument pas. La Bridget 2.0 ne m’inspire rien de prime
abord, et j’ai désormais la conviction que quoiqu’il arrive dans ce
tome, si une suite doit suivre, on nous balancera à nouveau une Bridget
seule et complexée. Ai-je vraiment envie de suivre les aventures d’une
femme condamnée à être malheureuse d’une façon ou d’une autre pour me
divertir ? Pas vraiment. Les 2 premiers tomes reposaient sur l’espoir de
trouver enfin le grand amour, Helen Fielding a dû changer son fusil
d’épaule et la Bridget qu’elle propose, la veuve de 51 ans, la cougar
qui lève du mâle sur les réseaux sociaux, je n’ai pas spécialement envie
de suivre ses aventures. Ça ne me parle pas, ça ne m’intéresse pas,
drôle ou pas. D'autres y trouveront certainement leur compte cela dit.
Est-ce
que je le lirai ? A priori non, à moins que des critiques sortent
affirmant des choses tellement exceptionnelles et positives que ma
curiosité prendra le pas sur le reste.
En ce qui me concerne, je vais rester sur mon happy end. Et je finirai en citant ce Tweet qui résume tellement bien ma pensée :
traduction : « Je ne veux pas vivre dans un monde où Mark Darcy et Bridget Jones ne vivent pas heureux ensemble pour toujours. Trop loin, Helen Fielding, trop loin ». Sources : http://www.lefigaro.fr/medias/2013/09/30/20004-20130930ARTFIG00289-en-veuve-cougar-bridget-jones-espere-faire-a-nouveau-recette.php http://www.ptitblog.net/livres/bridget-jones-est-de-retour-sans-marc-darcy_art10004.html http://www.thesundaytimes.co.uk/sto/news/uk_news/Arts/article1320722.ece http://www.europe1.fr/International/Bridget-Jones-est-veuve-shocking-1658149/ http://www.thesundaytimes.co.uk/sto/Magazine/article1317896.ece https://www.facebook.com/BridgetJonessDiary Toutes les citations sont tirées de : Le Journal de Bridget Jones et L’Âge de raison, publiés chez Albin Michel et J'ai Lu.
Bridget Jones, Mad About The Boy
de Helen Fielding
sortie VO le 10 octobre 2013
Sortie en France au printemps 2014
Présentation VO :
Bridget Jones—one of the most beloved characters in modern literature
(v.g.)—is back! In Helen Fielding's wildly funny, hotly-anticipated new
novel, Bridget faces a few rather pressing questions: What do you do when your girlfriend’s sixtieth birthday party is the same day as your boyfriend’s thirtieth? Is it better to die of Botox or die of loneliness because you’re so wrinkly? Is it wrong to lie about your age when online dating? Is it morally wrong to have a blow-dry when one of your children has head lice? Is it normal to be too vain to put on your reading glasses when checking your toy boy for head lice? Does the Dalai Lama actually tweet or is it his assistant? Is it normal to get fewer followers the more you tweet? Is technology now the fifth element? Or is that wood? If you put lip plumper on your hands do you get plump hands? Is sleeping with someone after two dates and six weeks of texting the same as getting married after two meetings and six months of letter writing in Jane Austen’s day? |
Je n'ai jamais lu les livres (il faudrait quand même...) et je n'ai vu que les adaptations (honte à moi, c'est rare quand ca se passe dans ce sens-là !). Mais j'ai bien évidemment entendu parler de la mort de Darcy, et j'avoue avoir lever un sourcil étonné.
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