Parce que nous avons été conquis par la série Danny Valentine, tant par son univers que pas son héroïne, nous avons voulu en savoir plus sur la femme à l'origine de cette série atypique dans le petit monde de la bit-lit.
Grâce à son éditeur français, Lilith Saintcrow a répondu à nos questions avec générosité et c'est avec un certain plaisir mêlé d'un brin de satisfaction que nous vous présentons cet échange. Nous vous souhaitons une bonne lecture
Un grand merci à Orbit et à Audrey Petit pour avoir organisé cette "rencontre " virtuelle
Questions : Bit-lit.com
Traduction : Tan
Bonjour Lilith,
Bit-lit.com - Merci d'avoir accepté de répondre à nos questions !
Lilith Saintcrow : Merci à vous, c'est un plaisir d'être là.
Bit-lit.com - Tout d'abord, comment allez-vous ?
Lilith Saintcrow : Je vais très bien, merci. Sous la pression d'une date butoir, bien sûr, mais c'est une habitude. Je ne me reconnaîtrais sans doute plus si je ne hurlais pas de terreur à l'approche d'une date butoir.
Bit-lit.com - Vous êtes connue en France grâce à votre série Danny Valentine qui apparaît comme un OVNI dans le paysage de la Bit-lit en France. Vous mélangez Cyberpunk et Urban Fantasy avec brio, y a du K. Dick dans votre manière de voir le monde. Qu'est-ce qui vous a influencé pour créer l'univers de Danny ?
Lilith Saintcrow : Il y a trop d'influences pour toutes les nommer : Kill Bill de Tarantino, l'album Furious Angels de Rob Dougan, Le Diable amoureux de Jacques Cazotte, Pacts With The Devil de S.Jason Black et Christopher S. Hyatt,
probablement Blade Runner et Aliens pour le ressenti de la société futuriste. C'est une très courte liste ; les influences sont nombreuses. Tout ce que je lis, tout ce que j'écoute, tout nourrit mon travail.
Bit-lit.com - Ne vous est-il jamais arrivé d'avoir envie de vous laisser tenter par la facilité lors de la création de vos personnages ? Ils sont tous si complexes et si imparfait, ni ange ni démon toujours dans la nuance, même les personnages secondaires, c'est impressionnant !
Lilith Saintcrow : Jamais.
Tout d'abord, je n'ai jamais rencontré quelqu'un de simple dans la réalité. Les gens sont splendidement complexe ; les gens sont des paradoxes. Ce que j'aime ce sont les personnages qui sont simples au départ mais vous commencez alors à les décortiquer et vous découvrez qu'il sont très complexes, très fluctuants.
Je regarde souvent les voitures qui roulent sur les autoroutes, ou les villes la nuit et je me dis que chaque point de lumière, chaque personne dans chaque voiture qui passe, a sa propre histoire. J'essaye de deviner les histoires des gens, c'est un bon exercice pour un auteur, mais en fin de compte mon imagination ne fera qu'effleurer la réalité et l'absurdité des gens et leurs vies. La réalité est bien plus complexe et bizarre que la fiction.
Bit-lit.com - Danny Valentine est une série très sombre, teintée d'un certain nihilisme. C'est un choix délibéré dés le départ ou c'est devenue une évidence à mesure que l'univers de la série prenait place ?
Lilith Saintcrow : Je pense qu'il s'agit d'une excroissance du personnage. Danny est un personnage brisé. Toute rédemption qu'elle pourra trouver sera difficile et imparfaite.Je suis fascinée par la façon dont les gens font face
à un traumatisme et à une situation d'urgence ; comment les gens se déconstruisent face à un stress extrême, à quoi ça ressemble. Je suis également fascinée par l'idée de réduire une personne à son essence propre, par ce que fait un être humain quand il est au bord du gouffre. Avec Danny, et plus tard avec Jill Kismet, j'ai ces personnages que je commence à déconstruire, à décortiquer et que je force à affronter l'irréductible vérité qui est au fond d'eux. Je pense que tout le monde a cette irréductible vérité en soi. La plupart des gens sont chanceux et ne se retrouvent jamais dans une situation où ils devront y faire face. Ceux pour qui c'est le cas en paient le prix.
Bit-lit.com - Dans celui-ci justement, la chute des Églises monothéistes laisse place à un certain chaos et à une multitude de croyances païennes (ou pas). La religion tient une place non négligeable dans votre récit, pourquoi ?
Lilith Saintcrow : C'est en partie dû au fait que Dante est très carrée par rapport à l'histoire de son monde et comment il en est arrivé là. De nombreuses questions survenues pendant la construction de cet univers sont des choses sur lesquelles je m'interroge depuis longtemps : quels préceptes les religions monothéistes utilisent-elles pour garder l'ascendant sur leurs adeptes ? Que se passerait-il si le pétrole venait à s'épuiser ?
Quelles seraient les conséquences de la gnose opposée à l'intercession des prêtes à large échelle ? Qu'est ce qu'une technologie par lévitation propre aurait comme impact sur la circulation des biens et des personnes ? Je me suis amusée avec ces questions. Mais au final, tout tourne autour de Dante qui est très directe et sans équivoque au sujet de son univers et sur sa place dans celui-ci.
Bit-lit.com - D'où vous vient cette idée de la nécromancienne ? Et le tatouage en émeraude sur la joue ? Et qu'en est-il de celle concernant un dieu de la mort comme mentor pour chaque nécromante ?
Lilith Saintcrow : Je ne suis pas sûre de l'origine de l'idée de la nécromancienne... peut-être des quelques livres de Laurell K. Hamilton que j'ai lus ? C'est juste ce que Dante est et j'étais ravie de constater que le gros de son travail était de relever les morts pour des questions d'homologation. J'aime cet aspect prosaïque. L'émeraude est vraiment très intéressante... j'ai inclus ça dans l'histoire et bien plus tard j'ai découvert la tradition qui veut que le Saint Graal soit en réalité une émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa chute vers l'Enfer. Je ne sais plus si j'avais trouvé ça avant et l'avais oublié ou si c'était simplement une coïncidence. Plus vous écrivez longtemps, plus les coïncidences se produisent.
Le psychopompe -la divinité personnelle d'un nécromancien- était vraiment une question de logique. La Mort et l’Éternel sont des choses que la psyché humaine esquive. Une forme d'intercession était nécessaire pour le bon fonctionnement de ces praticiens et le concept de psychopompe, bien que très ancien, était pratique.
Bit-lit.com - Un premier tome étonnant, un deuxième haletant. Par Delà les Cendres (Dead Man Rising) en plus de répondre a certaines questions, en fait se poser beaucoup d'autres.... Pourquoi sacrifier un personnage et en ressusciter un autre, tout deux prétendants au cœur de Danny?
Lilith Saintcrow : C'est simplement la façon dont s'est orientée l'histoire. J'ai été aussi surprise que tout le monde. A l'origine, Japhrimel devait être un personnage beaucoup plus Méphistophélique ; il était supposé infecter Dante avec un virus démoniaque et n'apparaître par la suite que pour finaliser, pour ainsi dire, sa damnation. Jace Monroe était supposé être partie intégrante du reste de l'histoire. Ça n'est pas tout à fait ce qui est arrivé.
Bit-lit.com - Qu'il s'agisse de Dante Valentine, Kaia Steelflower ou Jill Kismet, vous leur avez mis un sabre ou une épée dans les mains ? D'où vous vient cette fascination pour les objets tranchants ?
Lilith Saintcrow : Les lames me paraissent être des armes élégantes, comme le sont les sabres lasers pour Obi-Wan Kenobi. De plus, elles sont extrêmement polyvalentes. Pour Steelflower, j'avais à faire à des armes avant l'ère de la poudre, une lame était un choix naturel. Pour Danny, la question de l' « honneur et de l'acier » était essentielle et le Katana exprime ceci assez clairement. Le point fort de Jill Kismet ce sont les lames courtes, car dans un combat au corps à corps déloyal au couteau, les réflexes rapides et la volonté
sans faille de blesser l'autre font la différence et elle a bien besoin de faire la différence.
Bit-lit.com - Vous écrivez actuellement une série pour adolescent, Strange Angels. Est-ce que le fait que le public soit plus jeune vous a forcé à modifier un peu votre style ? Est-ce plus simple, difficile ou totalement différent pour vous en tant qu'auteur ?
Lilith Saintcrow : Ce n'est pas si différent. Les jeunes adultes veulent de bonnes fictions, des fictions qui ne rabaissent pas leur intelligence et ne les prennent pas de haut. Dire la vérité et refuser d'être intimidé ou de prendre de
haut vos lecteurs est la clé, que les lecteurs en question aient 14 ou 40 ou 80 ans.Le plus compliqué dans l’écriture à destination de jeunes adultes, c'est de revenir en arrière, émotionnellement à ce très jeune âge. De ne pas avoir de contrôle sur mon emploi du temps parce qu'il fallait aller à l'école ou travailler à la maison, d'être dans une position où je n'avais pas de voiture ou mon propre compte en banque ou beaucoup d'influence sur ma vie de tous les jours ; des choses que je considère comme acquises aujourd'hui à l'âge adulte. Mon adolescence a été mortelle ; elle a presque eu raison de moi. M'y replonger et me souvenir de ce que c'était a été extraordinairement difficile. Ça m'a ravagée.
Bit-lit.com - Récemment vous vous êtes même essayé à la romance paranormale pour Harlequin (Taken) ? Comment en êtes-vous venu à travailler sur ce projet ? Allez vous continuer dans cette voie ?
Lilith Saintcrow : L'éditeur a contacté mon agent et a demandé si j'aimerais faire un Harlequin Nocturne et j'ai sauté sur l'occasion. C'était très drôle à faire. Je voulais faire une histoire de garou qui ne serait aucun des prédateurs habituels -loups, grands chats, ce genre de choses. J'ai fini par trouver un garou dont j'aurais voulu lire l'histoire, et qui n'était pas un loup. J'en écrirais volontiers un autre ! Le seul problème c'est de dégager du temps dans mon emploi du temps pour pouvoir le faire.
Bit-lit.com - La série Jill Kismet prend fin cette année. Qu'avez vous comme projet maintenant que vous allez avoir un peu de "temps libre" ?
Lilith Saintcrow : Oh, il n'y a rien qui ressemble à du temps libre quand vous avez des enfants à nourrir ! Actuellement, je travaille sur le premier livre de la série Bannon & Clare qui parle d'Emma Bannon, une sorcière de
premier ordre et d'Archibald Clare, un mentath. (Ils combattent le crime !) C'est une sorte de série d'aventures steampunk dans un Londres Victorian alternatif. (note du traducteur : c'est prévu pour l'été 2012). Il y a aussi cette duologie épique dans une France alternative de l'époque de la Renaissance sur laquelle je travaille et une série pour jeunes adultes fraîche qui tournera autour des contes de fées. Je n'aime pas lever le pied bien longtemps.
Bit-lit.com - Votre liste de livres sur goodreads est assez étonnante, notamment tous les ouvrages sur le thème de la guerre. Est-ce que la carrière militaire de votre père a eu une influence sur vos lectures actuelles et indirectement sur le caractère trempé de vos héroïnes ?http://www.goodreads.com/review/list/1820686?shelf=read
Lilith Saintcrow : Je ne crois pas. Je dirais que la forte personnalité de mes héroïnes n'a rien à voir avec mon éducation. J'ai dû faire face à un choix très tôt : m'endurcir ou mourir. Il y a sans doute un peu de ça dans mes
personnages. Mais il y a différent type de forces ; comme par exemple, Sophie dans Taken qui n'est pas forte dans le sens traditionnel. Mon intérêt pour l'histoire militaire est assez spécifique : l'art de la guerre grec ou romain, et le Front de l'Est durant la Deuxième Guerre Mondiale. J'ai eu une période Napoléonienne il y a un moment, une fois bouclée je suis tombée sur le livre d'Antony Beevor sur la guerre civile d'Espagne ce qui m'a naturellement conduite à lire son livre sur Stalingrad. Que j'ai trouvé assez fascinant et depuis quelques années je lis sur le Front de l'Est. Et la révolution française. Je suis une
mordue de révolution en quelque sorte. Les personnalités sont fascinantes.
Bit-lit.com - Vous avez une certaine présence sur internet, vous bloguez, vous twittez, vous avez une page facebook. Est-ce que les interactions directes avec les fans (ou pas d'ailleurs) ne créent pas des interférences avec votre travail ?
Lilith Saintcrow : Je donne peut-être l'impression d'être très présente mais en réalité j'y fais très attention. Mes
profils sur les réseaux sociaux prennent la plupart de leur contenu sur mon blog ; donc j'ai juste à mettre à jour mon blog pour qu'il y ait du contenu tout frais. Je me rationne de manière stricte. Pour moi écrire est sacré. Vous ne pouvez absolument rien laisser sur le chemin de l'écriture. C'est bien de jouer sur Internet mais au bout d'un moment, vous avez vu tellement de choses que ça en perd un peu de son attrait de buffet à volonté.
Bit-lit.com - Merci beaucoup Lilith ^^
Lilith Saintcrow : Merci beaucoup* de m'avoir accueillie !
*en français
Lilith Saintcrow : Merci à vous, c'est un plaisir d'être là.
Bit-lit.com - Tout d'abord, comment allez-vous ?
Lilith Saintcrow : Je vais très bien, merci. Sous la pression d'une date butoir, bien sûr, mais c'est une habitude. Je ne me reconnaîtrais sans doute plus si je ne hurlais pas de terreur à l'approche d'une date butoir.
Bit-lit.com - Vous êtes connue en France grâce à votre série Danny Valentine qui apparaît comme un OVNI dans le paysage de la Bit-lit en France. Vous mélangez Cyberpunk et Urban Fantasy avec brio, y a du K. Dick dans votre manière de voir le monde. Qu'est-ce qui vous a influencé pour créer l'univers de Danny ?
Lilith Saintcrow : Il y a trop d'influences pour toutes les nommer : Kill Bill de Tarantino, l'album Furious Angels de Rob Dougan, Le Diable amoureux de Jacques Cazotte, Pacts With The Devil de S.Jason Black et Christopher S. Hyatt,
probablement Blade Runner et Aliens pour le ressenti de la société futuriste. C'est une très courte liste ; les influences sont nombreuses. Tout ce que je lis, tout ce que j'écoute, tout nourrit mon travail.
Bit-lit.com - Ne vous est-il jamais arrivé d'avoir envie de vous laisser tenter par la facilité lors de la création de vos personnages ? Ils sont tous si complexes et si imparfait, ni ange ni démon toujours dans la nuance, même les personnages secondaires, c'est impressionnant !
Lilith Saintcrow : Jamais.
Tout d'abord, je n'ai jamais rencontré quelqu'un de simple dans la réalité. Les gens sont splendidement complexe ; les gens sont des paradoxes. Ce que j'aime ce sont les personnages qui sont simples au départ mais vous commencez alors à les décortiquer et vous découvrez qu'il sont très complexes, très fluctuants.
Je regarde souvent les voitures qui roulent sur les autoroutes, ou les villes la nuit et je me dis que chaque point de lumière, chaque personne dans chaque voiture qui passe, a sa propre histoire. J'essaye de deviner les histoires des gens, c'est un bon exercice pour un auteur, mais en fin de compte mon imagination ne fera qu'effleurer la réalité et l'absurdité des gens et leurs vies. La réalité est bien plus complexe et bizarre que la fiction.
Bit-lit.com - Danny Valentine est une série très sombre, teintée d'un certain nihilisme. C'est un choix délibéré dés le départ ou c'est devenue une évidence à mesure que l'univers de la série prenait place ?
Lilith Saintcrow : Je pense qu'il s'agit d'une excroissance du personnage. Danny est un personnage brisé. Toute rédemption qu'elle pourra trouver sera difficile et imparfaite.Je suis fascinée par la façon dont les gens font face
à un traumatisme et à une situation d'urgence ; comment les gens se déconstruisent face à un stress extrême, à quoi ça ressemble. Je suis également fascinée par l'idée de réduire une personne à son essence propre, par ce que fait un être humain quand il est au bord du gouffre. Avec Danny, et plus tard avec Jill Kismet, j'ai ces personnages que je commence à déconstruire, à décortiquer et que je force à affronter l'irréductible vérité qui est au fond d'eux. Je pense que tout le monde a cette irréductible vérité en soi. La plupart des gens sont chanceux et ne se retrouvent jamais dans une situation où ils devront y faire face. Ceux pour qui c'est le cas en paient le prix.
Bit-lit.com - Dans celui-ci justement, la chute des Églises monothéistes laisse place à un certain chaos et à une multitude de croyances païennes (ou pas). La religion tient une place non négligeable dans votre récit, pourquoi ?
Lilith Saintcrow : C'est en partie dû au fait que Dante est très carrée par rapport à l'histoire de son monde et comment il en est arrivé là. De nombreuses questions survenues pendant la construction de cet univers sont des choses sur lesquelles je m'interroge depuis longtemps : quels préceptes les religions monothéistes utilisent-elles pour garder l'ascendant sur leurs adeptes ? Que se passerait-il si le pétrole venait à s'épuiser ?
Quelles seraient les conséquences de la gnose opposée à l'intercession des prêtes à large échelle ? Qu'est ce qu'une technologie par lévitation propre aurait comme impact sur la circulation des biens et des personnes ? Je me suis amusée avec ces questions. Mais au final, tout tourne autour de Dante qui est très directe et sans équivoque au sujet de son univers et sur sa place dans celui-ci.
Bit-lit.com - D'où vous vient cette idée de la nécromancienne ? Et le tatouage en émeraude sur la joue ? Et qu'en est-il de celle concernant un dieu de la mort comme mentor pour chaque nécromante ?
Lilith Saintcrow : Je ne suis pas sûre de l'origine de l'idée de la nécromancienne... peut-être des quelques livres de Laurell K. Hamilton que j'ai lus ? C'est juste ce que Dante est et j'étais ravie de constater que le gros de son travail était de relever les morts pour des questions d'homologation. J'aime cet aspect prosaïque. L'émeraude est vraiment très intéressante... j'ai inclus ça dans l'histoire et bien plus tard j'ai découvert la tradition qui veut que le Saint Graal soit en réalité une émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa chute vers l'Enfer. Je ne sais plus si j'avais trouvé ça avant et l'avais oublié ou si c'était simplement une coïncidence. Plus vous écrivez longtemps, plus les coïncidences se produisent.
Le psychopompe -la divinité personnelle d'un nécromancien- était vraiment une question de logique. La Mort et l’Éternel sont des choses que la psyché humaine esquive. Une forme d'intercession était nécessaire pour le bon fonctionnement de ces praticiens et le concept de psychopompe, bien que très ancien, était pratique.
Bit-lit.com - Un premier tome étonnant, un deuxième haletant. Par Delà les Cendres (Dead Man Rising) en plus de répondre a certaines questions, en fait se poser beaucoup d'autres.... Pourquoi sacrifier un personnage et en ressusciter un autre, tout deux prétendants au cœur de Danny?
Lilith Saintcrow : C'est simplement la façon dont s'est orientée l'histoire. J'ai été aussi surprise que tout le monde. A l'origine, Japhrimel devait être un personnage beaucoup plus Méphistophélique ; il était supposé infecter Dante avec un virus démoniaque et n'apparaître par la suite que pour finaliser, pour ainsi dire, sa damnation. Jace Monroe était supposé être partie intégrante du reste de l'histoire. Ça n'est pas tout à fait ce qui est arrivé.
Bit-lit.com - Qu'il s'agisse de Dante Valentine, Kaia Steelflower ou Jill Kismet, vous leur avez mis un sabre ou une épée dans les mains ? D'où vous vient cette fascination pour les objets tranchants ?
Lilith Saintcrow : Les lames me paraissent être des armes élégantes, comme le sont les sabres lasers pour Obi-Wan Kenobi. De plus, elles sont extrêmement polyvalentes. Pour Steelflower, j'avais à faire à des armes avant l'ère de la poudre, une lame était un choix naturel. Pour Danny, la question de l' « honneur et de l'acier » était essentielle et le Katana exprime ceci assez clairement. Le point fort de Jill Kismet ce sont les lames courtes, car dans un combat au corps à corps déloyal au couteau, les réflexes rapides et la volonté
sans faille de blesser l'autre font la différence et elle a bien besoin de faire la différence.
Bit-lit.com - Vous écrivez actuellement une série pour adolescent, Strange Angels. Est-ce que le fait que le public soit plus jeune vous a forcé à modifier un peu votre style ? Est-ce plus simple, difficile ou totalement différent pour vous en tant qu'auteur ?
Lilith Saintcrow : Ce n'est pas si différent. Les jeunes adultes veulent de bonnes fictions, des fictions qui ne rabaissent pas leur intelligence et ne les prennent pas de haut. Dire la vérité et refuser d'être intimidé ou de prendre de
haut vos lecteurs est la clé, que les lecteurs en question aient 14 ou 40 ou 80 ans.Le plus compliqué dans l’écriture à destination de jeunes adultes, c'est de revenir en arrière, émotionnellement à ce très jeune âge. De ne pas avoir de contrôle sur mon emploi du temps parce qu'il fallait aller à l'école ou travailler à la maison, d'être dans une position où je n'avais pas de voiture ou mon propre compte en banque ou beaucoup d'influence sur ma vie de tous les jours ; des choses que je considère comme acquises aujourd'hui à l'âge adulte. Mon adolescence a été mortelle ; elle a presque eu raison de moi. M'y replonger et me souvenir de ce que c'était a été extraordinairement difficile. Ça m'a ravagée.
Bit-lit.com - Récemment vous vous êtes même essayé à la romance paranormale pour Harlequin (Taken) ? Comment en êtes-vous venu à travailler sur ce projet ? Allez vous continuer dans cette voie ?
Lilith Saintcrow : L'éditeur a contacté mon agent et a demandé si j'aimerais faire un Harlequin Nocturne et j'ai sauté sur l'occasion. C'était très drôle à faire. Je voulais faire une histoire de garou qui ne serait aucun des prédateurs habituels -loups, grands chats, ce genre de choses. J'ai fini par trouver un garou dont j'aurais voulu lire l'histoire, et qui n'était pas un loup. J'en écrirais volontiers un autre ! Le seul problème c'est de dégager du temps dans mon emploi du temps pour pouvoir le faire.
Bit-lit.com - La série Jill Kismet prend fin cette année. Qu'avez vous comme projet maintenant que vous allez avoir un peu de "temps libre" ?
Lilith Saintcrow : Oh, il n'y a rien qui ressemble à du temps libre quand vous avez des enfants à nourrir ! Actuellement, je travaille sur le premier livre de la série Bannon & Clare qui parle d'Emma Bannon, une sorcière de
premier ordre et d'Archibald Clare, un mentath. (Ils combattent le crime !) C'est une sorte de série d'aventures steampunk dans un Londres Victorian alternatif. (note du traducteur : c'est prévu pour l'été 2012). Il y a aussi cette duologie épique dans une France alternative de l'époque de la Renaissance sur laquelle je travaille et une série pour jeunes adultes fraîche qui tournera autour des contes de fées. Je n'aime pas lever le pied bien longtemps.
Bit-lit.com - Votre liste de livres sur goodreads est assez étonnante, notamment tous les ouvrages sur le thème de la guerre. Est-ce que la carrière militaire de votre père a eu une influence sur vos lectures actuelles et indirectement sur le caractère trempé de vos héroïnes ?http://www.goodreads.com/review/list/1820686?shelf=read
Lilith Saintcrow : Je ne crois pas. Je dirais que la forte personnalité de mes héroïnes n'a rien à voir avec mon éducation. J'ai dû faire face à un choix très tôt : m'endurcir ou mourir. Il y a sans doute un peu de ça dans mes
personnages. Mais il y a différent type de forces ; comme par exemple, Sophie dans Taken qui n'est pas forte dans le sens traditionnel. Mon intérêt pour l'histoire militaire est assez spécifique : l'art de la guerre grec ou romain, et le Front de l'Est durant la Deuxième Guerre Mondiale. J'ai eu une période Napoléonienne il y a un moment, une fois bouclée je suis tombée sur le livre d'Antony Beevor sur la guerre civile d'Espagne ce qui m'a naturellement conduite à lire son livre sur Stalingrad. Que j'ai trouvé assez fascinant et depuis quelques années je lis sur le Front de l'Est. Et la révolution française. Je suis une
mordue de révolution en quelque sorte. Les personnalités sont fascinantes.
Bit-lit.com - Vous avez une certaine présence sur internet, vous bloguez, vous twittez, vous avez une page facebook. Est-ce que les interactions directes avec les fans (ou pas d'ailleurs) ne créent pas des interférences avec votre travail ?
Lilith Saintcrow : Je donne peut-être l'impression d'être très présente mais en réalité j'y fais très attention. Mes
profils sur les réseaux sociaux prennent la plupart de leur contenu sur mon blog ; donc j'ai juste à mettre à jour mon blog pour qu'il y ait du contenu tout frais. Je me rationne de manière stricte. Pour moi écrire est sacré. Vous ne pouvez absolument rien laisser sur le chemin de l'écriture. C'est bien de jouer sur Internet mais au bout d'un moment, vous avez vu tellement de choses que ça en perd un peu de son attrait de buffet à volonté.
Bit-lit.com - Merci beaucoup Lilith ^^
Lilith Saintcrow : Merci beaucoup* de m'avoir accueillie !
*en français
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire