Wunderkind, la pièce d'argent
D'Andrea G.L
Bayard jeunesse
Format broché / 342 pages / 15,90 €
D'Andrea G.L
Bayard jeunesse
Format broché / 342 pages / 15,90 €
Présentation de l'éditeur :
Caius Strauss, un garçon
taciturne, voit sa vie basculer le jour où un homme étrange au
visage lunaire, se présentant comme un proche parent, lui offre une
pièce d’argent. Caius, que cette rencontre a mis mal à l’aise,
cherche aussitôt à s’en débarrasser. Mais qu’il l’abandonne
dans un coin perdu ou la jette dans la Seine, la pièce revient
toujours. Et depuis qu’il la possède, il voit Paris se
métamorphoser : apparaît un quartier inquiétant, près de
Montmartre, appelé Dent de Nuit. Une nuit d’orage, un homme en
noir, recouvert de tatouages, surgit dans la chambre de Caius,
assailli par des créatures griffues aux dents pointues. Après une
lutte acharnée, l’homme blessé emmène le garçon traumatisé
dans son refuge au Dent de Nuit. Recueilli par cet étrange individu,
Gus Van Zant, et ses compagnons d’armes, Caius apprend qu’il est
désormais orphelin. Dorénavant il devra se méfier de toutes les
créatures qui peuplent le quartier. Toutes n’obéissent qu’à un
seul être sans scrupule, assoiffé de pouvoir, qui cherche à
contrôler les forces du mal pour dominer le monde : Herr
Spiegelmann.
Avis de Lauryn :
Ce livre m'a franchement
laissée sur ma faim. L'histoire, de prime abord sympathique, se noie
vite dans des défauts qui n'auraient pas été gênants pour un
manuscrit inachevé. Mais pour un livre publié, ce n'est pas
concevable.
Tout d'abord, les
descriptions. Approximatives, dénuées d'éléments suffisants pour
bien visualiser la scène, elles laissent un sentiment frustrant ;
celui de passer à côté de quelque chose. Le plus étrange, c'est
qu'elles sont inégales de ce point de vue tout au long du roman.
Parfois, tout va bien (surtout pour les personnages), parfois c'est
une catastrophe (surtout pour les descriptions de lieu) ; ce qui
renforce l'impression d'avoir affaire à un texte mal retravaillé.
Au début, par exemple, la rue des librairies ou la scène
introduisant Gus sont absolument ratées ; l'une ne donnant pas
assez d'éléments pour visualiser le décor et l'autre s'emmêlant
les pinceaux au point que l'on se demande, au départ, qui tape sur
qui.
Ensuite, et certainement
ce qui m'a le plus agacée, c'est UNE incohérence. Oui, une seule.
Mais lorsqu'elle représente pareil point d'achoppement, c'est
terrible. Les héros ne savent pas ce qu'est un Wunderkind (le
lecteur non plus d'ailleurs et, ce, même à la fin). De leur propre
aveu, ils n'en ont pas la moindre idée, pas même une notion. Et,
quelques dizaines de pages après ce passage important, Caius commet
une grave erreur. Explication d'un des héros : il n'avait pas
le droit de faire ça parce que c'est un Wunderkind. Il ignore ce
qu'est un Wunderkind mais connait ses limitations. Logique, non ?
La dernière chose, du
moins au niveau du récit, c'est la fin : digne du plus mauvais
film d'action, histoire de faire rebondir sur une suite. Il y avait
moyen d'obtenir le même résultat sans passer par le cliché du
méchant qui s'en sort par un ultime tour de passe-passe devant des
héros amorphes.
Les personnages laissent
aussi une impression mitigée. Tantôt intéressants, intrigants ou
attrayants, ils restent pourtant en partie dans l'ombre, mais c'est
une part que le lecteur aurait aimé découvrir pour s'approprier
chacun d'eux. On aurait aimé s'attarder plus sur l'un et sur
l'autre, mais on n'en a pas le temps. Il manque à chaque fois ce
petit quelque chose qui rend un héros savoureux. Là, ils sont trop
survolés pour véritablement entrer dans l'imaginaire du lecteur.
Mention spéciale à Caius qui, en réalité, n'est que le
faire-valoir de l'histoire, sauf peut-être à la toute fin. Parfois,
ses réactions sont même étranges : il détient une
information de première importance, qu'il ne communique pas à ses
compagnons, sans que l'on sache pourquoi. Il apparaît un peu comme
un boulet dans le récit, tout en voulant prendre part à l'action,
alors qu'il est sensé en être le héros, le point central. Bizarre.
Le style de l'auteur,
très branché sur les phrases courtes, voire très courtes, pour
donner un effet d'événements qui s'enchaînent rapidement, augmente
l'impression qu'il manque parfois des éléments ; surtout,
encore une fois, dans les descriptions. Je n'accroche pas vraiment à
ce genre de style, qui me frustre plus qu'autre chose. Cela donne des
phrases où il semble que des mots ont été enlevés, comme si l'on
tentait de parler avec le souffle court. C'est un effet de style,
évidemment, mais le lecteur ne s'y retrouve pas forcément. Un petit
exemple pour illustrer mon propos :
"Hagard, il suivit du
regard la planche qui alla se briser au pied du lit. Où il entrevit
la silhouette recroquevillée d'un homme. Obscurité. Éclair. Caius
vit quelque chose franchir la porte. Le tonnerre essaya d'abattre le
monde et y arriva presque. Puis l'obscurité régna de nouveau."
Wunderkind aurait mérité
un traitement plus en profondeur, avec des personnages plus
détaillés, plus étoffés, vraiment prenants ; une histoire
sans anicroche et, surtout, un style plus riche sans ces coups de
serpe dans les phrases qui laissent un arrière-goût d'inachevé.
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