Rose Soie
de Camille Adler
Éditions Milady
Collection Pemberley
Sortie le 19 septembre 2014
Poche / 288 pages / 7,60 €
Présentation de l'éditeur :
Paris, 1884.
Rose de Saulnay est une jeune femme en avance sur son temps et a un goût immodéré pour la mode, ce que ne manque pas de lui reprocher son mari violent. C’est grâce à sa rencontre avec Alexander Wright, le couturier le plus en vue de la capitale, que Rose trouve le courage de réaliser son rêve : elle ouvre une boutique de confection. C’est le début d’une période à la fois difficile et grisante. Mais la passion qui lie Rose et Alexander se transforme peu à peu en un amour qui ne peut s’exposer au grand jour…
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L'avis de Sophia :
Le résumé de l'éditeur en promettait beaucoup, ce qui explique probablement cet avis mitigé. Pas de passion comme annoncée, ou alors pour la mode. La romance est quasiment absente. De plus, on nous annonce que c'est grâce à sa rencontre avec un couturier que Rose va réaliser son rêve, or, ça ne se passe pas du tout ainsi dans le roman. C'est suite à un événement malheureux, et encouragée par une amie, que Rose décidera de se lancer, sans que le nom du grand couturier soit évoqué, ou à peine. C'est toujours un peu le souci avec les résumés éditeurs mal renseignés, ça fausse les attentes et le texte peut en pâtir.
L'auteur a une jolie plume et son histoire est maîtrisée. Elle ne se perd pas en chemin et le roman est assez agréable à lire, il faut le reconnaître. D'un point de vue stylistique, il n'y a vraiment rien à reprocher à Camille Adler. Malheureusement, le texte, comme les personnages, manque cruellement de profondeur. En à peine un mois, l’héroïne passe de femme soumise et effacée à working girl indépendante (sans que son caractère et sa façon de penser n'évoluent, d'ailleurs). Pareil pour sa vie amoureuse, tout va très vite, comme pour ses désirs professionnels, tout est plié en cinq minutes et sans la moindre difficulté. Ce n'est pas toujours gênant, ça évite de trop s’appesantir sur les événements, mais certains d'entre eux auraient pourtant mérité qu'on s'y attarde, surtout dans un roman poche qui n'atteint même pas 300 pages ! On a l'impression que tout est expédié, alors que l'auteur aurait vraiment pu offrir un traitement plus approfondi à quelques éléments de son histoire. La psychologie des personnages s'en ressent, avec une héroïne très Mary Sue (parfaite en tout point et que tout le monde aime ou jalouse) et un mari très très méchant et très caricatural aussi. L'ensemble fait très rose bonbon, très bisounours même...
Quand l'héroïne connait un événement vraiment très traumatisant, c'est à peine si ça la chagrine plus de trois minutes, et dès le lendemain on la trouve à rire avec insouciance. Difficile de se sentir en empathie avec elle, puisque sa souffrance est balayée en deux lignes et pratiquement plus évoquée par la suite. Ça donne, de ce fait, l'impression que l'auteur a juste utilisé ce prétexte comme élément déclencheur pour son intrigue, sans s'interroger sur les vraies conséquences d'un tel drame. Les autres personnages ne sont pas mieux traités, si certains sont sympathiques, ils donnent tous l'impression de ne vivre que par ou pour l’héroïne. Même quand Rose n'est pas là, on ne parle que d'elle, ne pense qu'à elle, même dans des moments intimes.
Quant à Alexander Wright, le couturier célèbre et au profil intrigant, il est malheureusement sous-exploité. On le voit à peine dans le roman, on ne sait finalement rien de lui ou trop peu pour se prendre d'affection pour son histoire avec Rose, elle aussi sous-exploitée. C'est vraiment dommage, l'auteur tenait là un personnage très prometteur.
Oui, il y a de bonnes choses dans ce roman, on sourit parfois et la plume de l'auteur, encore une fois, est très agréable. Mais ce roman manque de romance, de profondeur et de nuances. C'est dommage, car il se lit vite et bien, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi l'auteur a choisi un format si court alors qu'elle évoquait des sujets si graves et qui, sans forcément tomber dans l'étalage outrancier de souffrances, auraient vraiment mérité d'être traités sérieusement, ou au moins d'affecter un tant soit peu l'héroïne.
Cette histoire plaira néanmoins aux lecteurs qui s'intéressent à cette époque ou à la mode, ou qui recherchent une lecture détente (ce qui est d'ailleurs un peu paradoxal, compte tenu des thèmes abordés). C'est un petit roman sympathique et qui se lit vite, et si le tout manque de maturité et de profondeur, Camille Adler n'en est pas moins un auteur à suivre de près, car la plume et les idées sont là.
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