Le seul "cold case" d'Agatha Christie n'est pas dans son œuvre, mais dans sa vie.

Londres, 1926. Agatha Christie a trente-six ans. Au rythme de succès littéraires plus éclatants les uns que les autres, elle fréquente une société glamour qui se réunit lors de somptueuses fêtes et de week-ends dans de belles maisons de la côte anglaise. Sa fascination pour le drame et le mystère n'ont, semble-t-il, aucune répercussion sur sa vie privée. Jusqu'au jour où son mari lui annonce sa liaison avec la jeune Miss Nan O'Dea et son intention de divorcer pour l'épouser. Là, tout s'écroule. Agatha accuse le coup. Puis disparaît. C'est la stupéfaction.

La police du pays est mobilisée. La presse à sensation s'en mêle. Tout le monde se demande ce qui est arrivé à la romancière. Est-ce une fuite délibérée ? Et surtout, quel rôle la maîtresse de son mari a-t-elle bien pu jouer dans cette étrange histoire ?

Nina de Gramont s'inspire ici de la disparition réelle d'Agatha Christie, qui reste l'une des grandes affaires jamais résolues du XXe siècle, pour nous offrir un magnifique roman d'intrigues. Fidèle à son modèle, dont elle restitue la vie et la personnalité avec un réalisme et une grâce rares, elle nous entraîne dans la campagne anglaise pour une aventure aux multiples rebondissements.

C’est l’histoire d’une femme trompée, bafouée, qui, en dépit de sa notoriété publique et de son talent d’écrivaine, va fuir sa famille, les médias, et va mystérieusement disparaître pendant 12 jours. 12 petits jours qui vont défrayer la chronique, mettre l’Angleterre en émoi, jusqu’à imaginer le pire : Agatha Christie est-elle morte ?

Elle sera retrouvée dans un hôtel, mais ne s’expliquera jamais sur sa disparition. Dès lors, les médias, les lecteurs, mais également les auteur.e.s contemporain.e.s prêteront leurs plumes pour tenter d’expliquer ou de romancer cette période trouble de la vie de la maman d’Hercule Poirot.

C’est ce qu’a entrepris l'Américaine Nina de Gramont dans ce roman, prenant de grandes libertés avec les faits pour donner la parole à celle dont personne ne parlait alors, la maîtresse du mari d’Agatha Christie : Nan. C’est un choix très audacieux de la part de l’autrice, d’autant plus que les anachronismes sont nombreux et que l’on s’éloigne de l’ambiance, du style, mais également de l’œuvre d’Agatha Christie.

À partir de ce constat, on adhère ou pas. Personnellement, j’ai pris plaisir à lire cette histoire, d’autant plus que l’intrigue s’enrichit de quelques morts ; cela permet de satisfaire l’amatrice de romans policiers que je suis.

Un roman surprenant donc, avec lequel il faut prendre un peu de distance pour en apprécier toutes les subtilités.